Lauréat du prix Décembre pour « Le Bastion des larmes », son neuvième roman, Abdellah Taïa, 51 ans, n’a pas caché son bonheur. Pour l’écrivain marocain également en lice au Médicis, les planètes s’alignent en beauté puisqu’il recevra cette semaine à Brive le Prix de la langue française.
Dans l’écrin ultrachic du musée Yves Saint Laurent (1), au 5 de l’avenue Marceau où le couturier installa en 1974 sa maison, la fine silhouette d’Abdellah Taïa est ce mercredi 30 octobre au soir un roseau dansant. Un pas en arrière, un pas de côté, l’écrivain marocain, lauréat du 26eme Prix Décembre pour « Le Bastion des larmes », chez Julliard, vire et volte avec une grâce de libellule du jury à l’assistance et de l’assistance au jury.
Ce n’est plus un discours c’est du stand up. Taïa, qui est né à Rabat il y a 51 ans mais en fait à peine 30, évoque au passage, en faisant rire franchement son public, ses premiers échanges avec Pierre Bergé, lequel est le créateur de ce prix aujourd’hui doté de 15 000 euros.
La manifestation touchante de cette joie est toutefois inversement proportionnelle à la gravité du sujet de ce neuvième roman également en lice pour le Médicis, qui évoque en y entrelaçant la condition des femmes la cruelle répression des homosexuels dans son pays natal.
On imagine qu’elle se transformera en pure émotion le 8 novembre lors de l’inauguration de la 42eme Foire du Livre de Brive-la-Gaillarde puisque le romancier recevra à cette occasion le très symbolique et prestigieux Prix de la langue française.
(1) Le musée propose jusqu’au 4 mai l’exposition “Les Fleurs d’Yves Saint Laurent”, soit le mariage constant des robes et des fleurs, l’autre absolue passion du couturier et de Pierre Bergé. Musée Yves Saint Laurent, 5, avenue Marceau, 75016 Paris. Du mardi au dimanche, de 11h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. (contact@museeyslparis.com)