Persane d’origine, cette poétesse admirée par Le Clézio publie « Chaos Etoile », un recueil tout en simplicité et en sensibilité où se faufilent les grandes et petites choses de la vie.
Son prénom signifie Liberté. Azadée Nichapour, d’origine persane mais pour qui la France a très tôt été comme un second berceau, édite justement son nouveau recueil de poèmes sous bannière de « la rumeur libre », une maison d’édition sise dans la Loire, à Sainte-Colombe-sur-Gand. Quand il y a une colombe dans le paysage, la beauté n’est jamais loin.
De cette poétesse qui publie également sous le nom de Roxane Bellini, J.-M.G. Le Clézio dit que « sa voix résonne avec la force de la sincérité ». C’est tout à fait juste.
Qu’elle évoque sa mère disparue, et la douleur qui eut tant de mal à s’éteindre jusqu’à cette halte, un jour, face à l’horizon ;
qu’elle s’interroge sur l’amour en ce qu’il lui donne de lumière mais aussi en ce qui lui en retire dans ses imperfections ;
qu’elle parle d’elle et de ce qui la traverse sans qu’elle y soit préparée ;
qu’elle se réfléchisse dans le miroir de l’autre ;
qu’elle s’en réfère aux poètes, Baudelaire par exemple, aux philosophes ou aux peintres ;
qu’elle soit revisitée par son identité ;
qu’elle dilue une peine en regardant par la fenêtre ;
ou même, enfin, quand un drame jaillit, tellement inattendu, et fait dans la lecture comme un trou dans la terre des mots ( Café des Voyageurs, page 43), Nichapour écrit avec une minutieuse volonté de se rapprocher des mystères. On peut y voir cette délicatesse absolue qu’ont les archéologues quand ils déblaient au pinceau la vérité dans ses plus infimes détails. Azadée Nichapour n’est jamais hors-sol. Mais toujours au plus humblement près de la vie.
Le titre, « Chaos Etoile », puise son sens dans une phrase de Friedrich Nietzche, tirée de « Ainsi parla Zarathoustra », et qui figure en exergue du recueil : « Mais je vous le dis : il faut avoir un chaos en soi, pour donner naissance à une étoile qui danse… » Et c’est ainsi, sous sa plume, que « l’amour, comme la poésie, risque la vie ».
« Chaos Etoile », de Azadée Nichapour, éd. La rumeur libre, 89 pages, 16€
Persepolis
Je ne t’ai jamais vu
Ton nom a la magie d’un je-ne-sais-où
Ton nom est-il celui
de mon enfance perdue
Champ de ruine debout
sur ma conscience évanouie
Ce n’est pas un pays qui me manque
c’est sa nostalgie
Tant m’est intime ta pensée
que parfois se pose à moi
cette question insensée
Qui de moi ou de toi
pense comme l’autre
Fleur sauvage
dansant au soleil
Un jour l’on vient
et l’on m’arrache
D’où vient qu’à aucun vase
je ne m’attache
même placé sous la lumière