SPECIALES DEDICACES

C’est toujours un moment précieux quand, à l’heure vespérale parisienne, les portes de nos amis libraires restent ouvertes à une signature d’auteur, le lancement d’une nouvelle maison d’édition, une remise de prix… Mais ça peut être aussi dans les salons d’un hôtel ou ceux d’un éditeur. Picorage en images de ces minutes de lumière en plus.

QUARTIER LIBRE’ EXPLOSE LA RENTREE

Foule absolue ce 17 janvier, à l’adresse des Guetteurs de Vent, avenue Parmentier, pour le baptême des éditions Quartier libre, fondées par Mathilde Bonte-Joseph.

Autour de Mathilde, l’équipe au complet n’avait pas quartier libre ce soir-là

Première invitée au catalogue, Claire Griois a lu un extrait de “Le coeur quand il explose”, premier roman de cette scénariste et réalisatrice. De l’île de Skopelos, “au pied des Oliviers “, où elle s’est réfugiée, une jeune femme écrit d’un souffle une lettre à son amour qui a perdu la vie à la suite de violences policières.

Claire Griois à livre ouvert

“Le coeur quand il explose”, de Claire Griois”, éd. Quartier libre, 90 pages, 12,90€

JULIE NE FAIT PAS ILLUSION (D’OPTIQUE)

C’est le livre dont le monde de l’art parle avec une perverse gourmandise. Pour son entrée en littérature, la journaliste Julie Malaure, jusqu’ici réputée pour sa science du polar, a mené une toute autre enquête en s’immergeant dans les remous de l’héritage du peintre Victor Vasarely (1906-1997), inventeur de l’art optique. Elle en a donné une présentation captivante le 23 janvier à la librairie Delamain, interrogée par Florence Faget .

“L’héritage maudit”, de Julie Malaure, cherche-midi éditeur, 293 pages, 21 €

Julie Malaure à la librairie Delamain, interrogée par la libraire Florence Faget
Au bonheur des dédicaces
Loin d’être classée, cette enquête reste une “affaire à suivre”. De quoi écrire un deuxième tome?

DUCREUX SINCEY FAIT FORT

Après avoir veillé aux destinées de la collection de poche Folio, David Ducreux Sincey qui a échangé la volcanique vie parisienne pour Clermont-Ferrand et son désormais nettement plus paisible Puy-de-Dôme, fait une entrée éruptive en littérature avec un roman particulièrement réussi.

Ah! il est fort, ce primo romancier

Il y marie le drame d’un enfant brutalisé par sa mère, embarqué au fil des années dans un ahurissant projet par son camarade de jeu, et un humour noir formidablement assumé. Le soir du 9 janvier, jour de la sortie de “La loi du moins fort” – quel titre! -, il recevait déjà le Prix du premier roman décerné par le magazine Transfuge.

“La loi du moins fort”, de David Ducreux Sincey, éd. Gallimard, 241 pages, 20,50€

Un super premier roman? Suivez la flèche!

Le jury de Transfuge a également distingué Nathalie Azoulay pour “Toutes les vies de Théo (P.O.L), Prix du meilleur roman français. Le prix Transfuge du roman américain est allé à Rachel Kushner pour “Le lac de la création”, traduction de Emmanuelle et Philippe Aronson. Celui du roman israëlien à Orly Castel Bloom, pour Biotope, chez Actes Sud. Celui du livre européen à Andrei Kourkov pour “Notre guerre quotidienne” (éd. Noir sur blanc, traduction: Johann Birh et Odile Demange).

UN AMOUR CINQ ETOILES

Il a été ingénieur aéronautique, figure de la radio publique puis d’Antenne 2, s’est reconverti en agent d’acteurs avant d’embrasser la carrière de producteur pour le cinéma et la télévision.

Aujourd’hui âgé de 83 ans, après plusieurs publications à caractère autobiographiques, Jean Nainchrik est allé exhumer, par le biais du roman cette fois, un secret toujours soigneusement préservé dont a dépendu toute sa vie amoureuse.

Avec Danièle Evenou, sous l’étoile d’une indéfectible complicité

Le 29 janvier, entouré d’amis et de premiers lecteurs à l’enthousiasme ému, la librairie “Le Divan”, rue de la Convention, l’une des plus vastes de la capitale, l’accueillait pour la séance de dédicaces de “Tu m’as volé mon étoile”, dans lequel il est dit qu’un amour éternel peut exister sur terre… mais à quel prix.

“Tu m’as volé mon étoile”, de Jean Nainchrik, éd. Récamier, 161 pages, 18,90 €

ORSENNA: CE QUI NUIT A VENISE

Au coeur de Saint-Germain-des Prés, séparé du boulevard par une petite place, l’hôtel Madison est un lieu aussi discret que mythique à l’abri du tapage. Les arts y sont comme chez eux. Fondatrice du Prix du roman de la nuit, lequel, comme son nom l’indique, braque ses projecteurs sur un livre imprégné de l’atmosphère nocturne. Marie Binet et son jury y ont couronné le 24 janvier, très opportunément pendant les Nuits de la lecture, “La cinquième saison”, d’Erik Orsenna, ce perpétuel jeune premier à 77 ans.

Le jeune lauréat entouré de Marie Binet (deuxième à gauche au second rang) et les membres du jury.

Prix Goncourt en 1988 pour “L’Exposition coloniale”, l’académicien, qui occupe sous la coupole le siège 17 qui fut celui de Jacques-Yves Cousteau, a concocté une fable nocturne en forme de cri d’alarme pour alerter à sa façon sur les désastres annoncés par le tourisme de masse.

Un conte qui mérite de figurer en tête de gondole

Et c’est à Venise aujourd’hui, bousculée par les monstrueux navires-building, qu’il ressuscite dans une faille spatio-temporelle le compositeur Antonio Vivaldi. Mais pas seulement. Avec lui tout n’est qu’ampleur romanesque. On souhaite que ce récit n’en finisse pas de faire des vagues.

“La cinquième saison”, de Erik Orsenna, éd. Robert Laffont, 151 pages, 18,90€

BEIGBEDER AU NON DU PERE

C’est à l’hôtel La Louisiane, au 60, rue de Seine, richement hanté par les mânes du rock, de la pop, de la chanson et de la littérature, de Verlaine aux Pink Floyd en passant par Greco et Cossery – amusez-vous à en consulter le générique sur votre téléphone;

Non Fred, t’es pas tout seul

la fiche Wikipedia, fort bien faite, est longue comme le bras – et considéré comme le plus ancien hôtel de Paris, que Frédéric Beigbeder a fêté la sortie de “Un homme seul”, chez Grasset, consacré à son père, personnage imperméable à l’amour.

Papa, je t’envoie mon livre, fais-moi un signe

Sans doute le plus intime, le plus émouvant et le plus libérateur de tout ce que l’ex- publicitaire a publié jusqu’ici. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y était pas seul.

“Un homme seul”, de Frédéric Beigbeder, éd. Grasset, 224 pages, 20€

ET BRIAT AU NON DE LA MERE

Vous en trouverez un portrait dans les colonnes de ce site. Marie-Romaine Panié a lancé il y a moins de deux ans les éditions Marie Romaine (EMR), qui accueillent tous les genres, roman, essai, théâtre et poésie. Déjà plus de vingt ouvrages.

Catherine Briat et Marie Romaine Panié. Toujours verser un peu d’humour dans une histoire où manque l’amour

Pour l’ancienne avocate pénaliste aux mille vie, quel meilleur pas-de-tir que ses salons, avec vue sur le jardin du Luxembourg, où se presse de plus en plus à chaque nouvelle mise sur orbite, le petit monde médiatico-littéraire.

“Ailleurs, mon amour”, de Catherine Briat, 97 pages, 13€

C’était cette fois au tour de Catherine Briat (“Le dernier rendez- vous”, “Le divan rouge”) d’y présenter son cinquième roman, “Ailleurs mon amour”, qui pourrait être un versant féminin au récit de Beigbeder évoqué ici. Puisque la figure de la mère qui en est l’axe en est l’exact pendant.

AU CABARET DES SOUVENIRS AVEC POINDRON

Derrière le fin rideau mouvant de leurs poèmes, les poètes ne sont pas de simples esprits de vent, ils ont un corps, un visage, une vie arborescente de routes et de sentiers. Mais les poètes ne voyagent pas qu’en eux mais comme chez eux sur les routes de France et de Navarre. Si bien qu’à un âge respectable – toujours mouvant lui aussi – leurs bagages sont pleins de couleurs et de rencontres, de conversations échangées et jamais oubliées, qui viennent enrichir au retour leurs cabinets (leurs cabarets) d’écriture et de curiosités. Alors ils s’assoient, débroussaillent et fabriquent des ouvrages de souvenirs vivants, de souvenirs présents. Le genre de choses qui ne sont pas faites pour mourir, il suffit de les raconter.

La poésie est le lieu sacré de l’échange

Prix Nerval 2020 de la Poésie, Eric Poindron pourrait en être leur prince. Et lorsque l’oiseau, par ailleurs Président de la société secrète des pies”, revient se poser dans son “grenier de nuit”, c’est pour attraper de nouveau “les trains qui filent sans se soucier de (ses) veilles”.

La poésie n’est jamais aussi bien chez elle que dans la rue

Verser sur le feuille l’encre (dont il donne la recette de fabrication), l'”improbable mémoire des chemins”, sans cesse ici traversée de grandes figures. Des Paul Léautaud, des Joseph Pontus, des Jacques Lacarrière, des Barbara… Le 4 décembre de l’année dernière, la librairie Gallimard, boulevard Raspail, a servi de fonts baptismaux à ce merveilleux ouvrage qu’est “Au cabaret des oiseaux et des songes”, publié aux bien nommées éditions du Passeur. Merci pour ce beau livre, cher Eric.

“Au cabaret des oiseaux et des songes”, de Eric Poindron, éd. Le Passeur, 349 pages, 17€

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