Un mois déjà que la première édition du festival littéraire Cultissime a décoiffé la douceur angevine. Beauté des lieux, casting éblouissant, public au rendez-vous, satisfaction des libraires, mélange harmonieux des genres et des générations… Le résultat a été à la hauteur de l’ambition de ses trois créatrices.
Elles s’appellent Phalène de La Valette, Julie Malaure, Armelle Gallineau et ce sont trois femmes puissantes. Quand elles ont en tête de bâtir quelque chose, un festival littéraire à Angers par exemple, elles voient grand et charpentent leur affaire de la cave aux greniers.
Ceux, joyau de l’architecture médiévale, de l’ancien hôpital Saint-Jean qui abrite aujourd’hui le musée Jean-Lurçat, étaient le spot idéal. La mairie d’Angers a été bonne fille (ce qui nous en fait donc quatre en tout) et les leur a offerts. C’était il y a un mois puisque le temps passe vite. La première édition du festival littéraire Cultissime s’ouvrait, au plein sens du terme, en beauté. Lorsqu’on baptise « Cultissime » son événement, il convient de ne pas se loupissimer sous peine de se crashissimer.
Mais les étoiles aiment bien qu’on vise haut. Elles ont donné un blanc-seing aux planètes pour qu’elles s’alignent sur un étourdissant casting terrestre de stars, James Ellroy en tête et en lever de rideau, qui n’en a fait qu’à la sienne. Il a imposé sa volonté à son éditeur, lequel n’était pas chaud pour envoyer sa vedette baguenauder dans un festival d’autant plus inconnu qu’il n’existait pas encore tout à fait. Sauf qu’Ellroy sait ce qu’il doit à la France via la fidélité de son lectorat. On connaît désormais la suite : Cultissime a affiché pendant trois jours un casting du tonnerre (voir l’album à feuilleter ci-dessous) en remplissant à 100% son cahier des charges, et là je recopie : « défendre une littérature vivante » à l’attention d’un public « intergénérationnel » en mélangeant les genres : « culture pop » (mangas de fantasy, comics, space opera …), littérature et bande dessinée classiques, richesse de l’illustration jeunesse.
Ce cul(tur)issime carrefour de rencontres mâtiné d’animations théâtrales, musicales ou poétiques a tenu toutes ses promesses au fil de ses tables rondes, ses rencontres en petit comité, certes payantes et sur réservation mais évidemment au plus près de l’univers intime d’un auteur, loin des masterclass amidonnées. Douglas Kennedy y a reçu le prix Cultissime pour l’ensemble de sa carrière. Plus humble et émerveillé qu’un auteur débutant, Mark Millar, le plus américain des scénaristes britanniques de comics, n’a pas frimé en tunique bigarrée de super-héros mais goûté dans une élégance so scottish et en famille à la douceur angevine. Au registre des chiffres et des lettres, dix-mille visiteurs étaient espérés pour cette mise à feu illustrement parrainée (Clémentine Beauvais, Alain Ayroles, Bernard Werber…). Huit-mille sont venus, ce qui est infiniment prometteur. Que dit-on dans ces cas-là aux super-héroïnes du trio magique, Phalène, Julie et Armelle ? Bravissimo d’abord. A l’année prochaine ensuite. Cultissimement.
En feuilletant l’album