Créé en 2000, le prestigieux prix Marcel Pagnol 2023 a mis l’accent sur « Un garçon ordinaire », quatrième roman de l’écrivain et musicien Joseph d’Anvers. Comme un clin d’oeil au père de l’écrivain qui portait ce prénom.
C’est l’histoire d’un garçon qui n’a rien d’ordinaire. Il aurait pu s’appeler Joseph de Nevers, attendu qu’il est Nivernais. Mais il a choisi le patronyme de Joseph d’Anvers pour avoir, à Paris, habité tout près de la station de métro du même nom. A 46 ans, Joseph a traversé plusieurs vies : auteur compositeur chanteur, chef-opérateur, boxeur et désormais écriveur. Il a vraisemblablement traversé des “jours incandescents”, titre d’un de ses romans, graphique celui-ci (1), “et reçu quelques « balles perdues » (2) en plein cœur. Quand il était petit, Joseph lisait Marcel Pagnol dont le papa, instituteur, s’appelait aussi Joseph. « La gloire de mon père » lui est consacré. Et voyez comme le monde est bien fait : pour son quatrième livre , « Un garçon ordinaire », paru en février de cette année, d’Anvers vient précisément d’être couronné du prix… Du prix… ? Mais oui, fan de chichourle, du Prix Pagnol !
Aujourd’hui présidé par Daniel Picouly, ce prix fondé en 2000 par l’Aubagnaise Floryse Grimaud et doté de 3000 euros, rassemble dans son jury journalistes et écrivains parmi lesquels d’anciens lauréats mais aussi l’historien Pascal Ory, de l’Académie française et bien sûr Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel lequel fut lui aussi élu sous la Coupole (1946-1974). Mission de cet aréopage : distinguer un ouvrage de fiction qui privilégie le thème de l’enfance ou, comme ce fut le cas cette année, de ses derniers feux quand certains rêves commencent à être sacrément secoués dans le shaker de la vraie vie.
Sous le portrait ensoleillé de l’écrivain et dramaturge, réalisé par le peintre et collagiste FKDL alias Franck Duval (notre image d’ouverture), cette récompense était comme chaque année remise au premier étage du Fouquet’s dont les salons s’ornent de nombreuses photos de films et autres documents liés à l’oeuvre pagnolesque. Pas sans raison. Lorsqu’il quittait sa chère Provence pour fréquenter les cigales parisiennes, c’est dans la fameuse brasserie parisienne que le créateur de “Marius” se sentait le mieux dans son assiette.
« Un garçon ordinaire », qui était notamment en concurrence avec « Les guerres précieuses », de Perrine Tripier, chez Gallimard, ou « Fille en colère sur un banc de pierre », de Véronique Ovaldé, chez Flammarion, ne dépare pas de l’univers exploré par Joseph d’Anvers. Il en réunit même les principaux éléments : la jeunesse, la musique – ici, en 1994, la mort de Kurt Cobain – et tous les zakouskis des paradis artificiels, du pack de bière aux amourettes, des embrouilles avec pitt-bull intégré en passant par l’amitié. Le narrateur a dix-sept ans, il s’appelle Victor. Il y a peut-être en lui et entre les lignes un peu de Joseph.
(1) Co-écrit avec Stéphane Perger, éditions Kennes
(2) Clin d’œil à « Juste une balle perdue », éd. Rivages.
« Un garçon ordinaire », de Joseph d’Anvers, éd. Rivages, 219 pages, 20€
PLUS DE PANIQUE AU CHATEAU
Sous le soleil de Provence s’était glissée ce soir-là une ombre au tableau. Petit fils de Marcel Pagnol, Nicolas est apparu ce soir-là plus proche de la peine que du champagne. Il venait d’apprendre que la gestion du Château de la Buzine, situé dans le 11eme arrondissement de Marseille, et qui inspira à l’écrivain, entre « La gloire de mon père » et « Le temps des secrets », « Le château de ma mère », lui serait très prochainement retirée par la Ville de Marseille qui en est depuis 28 ans la propriétaire.
Le maire socialiste de la cité phocéenne, Bruno Payan, souhaitait faire de ce centre de cinématographie doublé d’un lieu d’exposition, un « Centre de la culture ouvrière » destiné à l’éducation artistique de la jeunesse. Le 29 juin, sans attendre le 7 juillet, date à laquelle cette décision devait être entérinée et face à une large levée de boucliers ainsi qu’à la contestation que s’apprêtait Nicolas Pagnol à déposer en justice, la Mairie a finalement choisi de réenvisager les choses. Depuis, Marseille est agitée par d’autres soucis…