C’est Boro qu’il ressuscite

Revoici Boro, reporter photographe créé à la fin des années 80 par Jean Vautrin et Dan Franck. Mais l’auteur d’ ‘Un grand pas vers le bon Dieu’ ayant pour de bon enjambé les nuages, Boro, son Leica et sa canne, ne marchait plus que sur une jambe. Franck a décidé de ressusciter en cavalier seul, une larme au cœur, les aventures de ce personnage charismatique en prise directe sur les convulsions de l’histoire.

C’est une saga littéraire écrite à quatre mains, née vers la fin des années quatre – vingt, un jour de Salon du Livre, sous la coupole du Grand Palais et sur des fonts baptismaux arrosés de pauillac.

Voilà ce que confie, en préambule au neuvième volume des « Aventures de Boro, reporter photographe » qui reprennent du service, l’écrivain et scénariste Dan Franck, révélé en 1991 par son prix Renaudot pour « La Séparation » que Christian Vincent porta à l’écran ensuite au cinéma. Les péripéties liées à l’histoire très contemporaine de France et d’Europe, vécues par ce personnage devenu culte auquel Enki Bilal donna un visage, avaient dû s’interrompre. Son autre papa, Jean Vautrin, Prix Goncourt 1989 pour « Un grand pas vers le bon Dieu » ayant enjambé pour de bon les nuages. C’est Vautrin, dit encore Franck, qui trouva le patronyme complet de ce héros, Blèmia Borowicz, « humaniste, porte-parole des battus de l’Histoire, engagé dans les combats de son époque. Il parcourrait l’Europe des années trente, voire quarante, cinquante et soixante. Jean voulait qu’il fût photographe et moi reporter (…) »

Couverture Boro, Est-Ouest

Ils l’ont voulu un peu métèque, plutôt d’Europe centrale , équipé d’une canne – « car une faille dans la vie, dit encore Dan Franck, c’est mieux qu’une boursouflure. » Ni Dan ni Jean n’avaient lu de l’un et l’autre les livres. Leurs styles respectifs étaient aussi à des années-lumière. L’un sec comme un coup de trique, le second gouleyant et généreux comme un grand cru. « Jean a suggéré que nous inventions un troisième auteur. Il s’appellerait Franck & Vautrin. (…) Il suffisait que je coupe chez lui et qu’il rallonge chez moi ».

C’est à Budapest, sous le joug des chars russes en 1960, que l’on retrouve cet « humaniste engagé dans les combats de son époque » à qui Enki Bilal a donné un visage. Dans la même trajectoire, de Paris à Berlin, le voici creusant un chemin de liberté dans les convulsions de l’Histoire récente. Sous l’aile de Vautrin, Franck écrit les doigts dans la prise. Ca file à mille à l’heure dans l’espace-temps, bref, comme disait mon père, « ça n’amuse pas la manœuvre ». Et sa verve élégante et nerveuse, vent debout contre les puissants, ressuscite une littérature aussi exigeante que populaire qui résonne fort, c’est une évidence, un truisme, une tautologie, avec l’actualité.

« Boro, Est-Ouest – Les aventures de Boro, reporter photographe », de Franck et Vautrin, éd. Fayard/Grasset, 434 pages, 22€

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