Après « Mes trente glorieuses » récompensé par le Prix Anna de Noailles de l’Académie Française, la journaliste et réalisatrice de documentaires Anne Gallois éclaire singulièrement la violence amoureuse au prisme d’un fait divers criminel très librement inspiré. Notre invitée, France Cavalié, nous dit pourquoi cet « Amanticide » est à ses yeux un choc diablement attachant.
Par France Cavalié (*)
Hélène scrute son visage dans le miroir et se dit que la plus belle, eh bien, c’était hier, avant ses quarante ans qu’elle vient par malheur de fêter en famille. Peut-on encore vivre une folle passion avec une virgule naissante entre les deux yeux ?
Hélène est mariée à un homme riche et gentil, leurs deux enfants traversent une adolescence normalement irritante, le fils cadet arrimé à ses jeux vidéo, la fille, cash et ravissante.
Hélène s’ennuie, sauf au travail. Elle est ‘Aide à la Personne’ et elle y tient. Ses « protégées » sont au moins deux fois plus âgées qu’elle, souvent seules. Les soins quotidiens qu’elle leur prodigue en rebuteraient plus d’une. Qu’importe, elle les a toujours aimées et les préfère nettement aux collègues de son mari devant lesquels elle est tétanisée : peur de dire une ânerie, de faire une gaffe, l’épouse du notable issue d’un milieu modeste est bourrée de complexes.
Mais cela n’a jamais tué personne.

Que s’est-il passé pour qu’Hélène se retrouve accusée de meurtre avec préméditation, incarcérée pour vingt ans, et persiste à clamer son innocence ?
Journaliste indépendante, réalisatrice de documentaires pour la télévision, essayiste et romancière, lauréate en 2021 du Prix Anna de Noailles de l’Académie française pour « Mes Trente Glorieuses » (éd. de Borée), Anne Gallois reconstitue l’enquête.

Elle cuisine la prévenue dans un parloir oppressant, questionne son entourage, mais aussi scanne les folies de sa propre vie auprès du bel homme illettré qu’elle a aimé jusqu’à se faire peur.
Comment, pourquoi, jusqu’où, en une poussière de seconde, peut-on basculer ?
Précise et inventive, de son pas buissonnier hérité de « Strip-tease », l’émission culte à laquelle elle a longtemps collaboré, Anne Gallois nous entraîne aux confins d’une « banalité consternante » telle que le psychiatre caractérisa cette affaire.
« L’Amanticide » de Anne Gallois, éditions de Borée, 220 pages, 18 €
(*) France Cavalié est journaliste, scénariste, biographe et romancière. Derniers romans parus: “Baïnes” (éd. Robert Laffont), “La fille entre deux chaises” (éd. Sable Polaire”)
Commentaire
Straseele
Eh bien, on a envie de lire le roman. La "banalité consternante' mérite effectivement quelques investigations. Merci !
Gallois
Merci. Très bien vu et très bien dit
Pierre Vavasseur
to Gallois
Merci Anne, et surtout à France! Pierre