Pelot, c’est du tonnerre

Dans « Se souvenir encore des orages », Pierre Pelot fait de son personnage un ours solitaire revenu régler ses comptes avec le passé. De ce roman tempête, notre collaborateur Jean-Michel Ulmann est ressorti lessivé mais proprement heureux.

Pierre Pelot, cet homme des bois et des Vosges d’où il est originaire, pas loin de Bussang où se trouve le si beau théâtre du Peuple, ne fait pas qu’écrire – près de deux-cents titres -, il peint. Ses tableaux, qu’il poste parfois sur Facebook, font penser à des Courbet, ceux d’Ornans par exemple. Ses pages aussi sont des toiles. Parfois sa palette devient fauve. Ses personnages prennent une densité brutale, butent sur des aspérités minérales. Pour conséquente et variée que soit son œuvre, sa Lorraine endurcie et blessée rôde et imprègne tous ses récits. « Se souvenir encore des orages » ne déroge pas à cette règle. Avec Donovan Donolly, personnage central et septuagénaire de ce roman, attendez-vous à suivre une rude et forte aventure qui n’évite pas les ornières de la mémoire mais sait en trouver les clairières. Une colère sourde monte du sous-sol sidérurgique de la mémoire de ce revenant où grondait un orage inachevé.

Pierre Pelot. Photo Philippe Matsas
Pierre Pelot. Photo Philippe Matsas

La voilà soudain qui jaillit de la pression du temps et des rencontres. Ici, les comptes se règlent à froid et creusent le fond des choses au risque de se perdre. Dès lors qu’il apparaît sur un quai de gare vosgienne, Donovan le solitaire ne choisit pas pour rien l’hôtel des Rouges Pierres tenu par une certaine Alison. Il sait que son passé l’attend au tournant. Et que son retour dérange un ordre social et familial établi en son absence. Petits arrangements et grands silences vont voler en éclats et tous sont autant d’éruptions de volcans sous la plume de Pelot. Voilà une lecture qui nous piège. Une intrigue qui s’empare de nous, redistribue les destins, prend tout notre temps, nous laisse à la fois un peu écorché, groggy et soulagé, voire apaisé. Alors le mot encore prend toute la place et fait ricochet puisqu’on en redemanderait.

« Se souvenir encore des orages » de Pierre Pelot, éd. Presses de la Cité, 320 pages, 21€

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