Le fameux palace parisien de la rive gauche où se sont pressées dans le passé les mythiques figures des arts et surtout de la littérature invite désormais chaque mois une grande signature lors de dîners-conférences où la gastronomie et l’œnologie sont de fort goûteux marque-pages.
Je n’ai jamais oublié – c’était dans une autre vie tant le temps recule vite – cette apparition magique lors d’une soirée au bar en sous-sol de l’hôtel Pont Royal, à Paris, au 5, rue de Montalembert. Ce fut celle du peintre Balthus qui a quitté ce monde en février 2001 à 92 ans. Il est apparu en grand apparat, canne à pommeau scintillant, accompagné de sa seconde épouse, la comtesse Setsuko Klossowska de Rola en tenue traditionnelle. Aujourd’hui, ce lieu secret des mirages est en sommeil mais il ne faut jamais dire jamais et cette cachette mythique rouvrira peut-être un jour.
A cette adresse du Pont Royal, aujourd’hui couronnée de cinq étoiles, les arts et la littérature n’ont jamais fait chambre à part. Songez ainsi comme cela vous passerait par la tête, à un nom d’écrivain, de poète, de peintre ou de sculpteur et soyez certain que son propriétaire est passé par là.
L’œuvre écrite n’en est pas moins l’ADN de l’établissement, programmé lors de son édification en 1750 pour être une résidence d’écrivains. De son outre-tombe qui défie aujourd’hui l’éternité des horizons sur le rocher du Grand Bé à Saint-Malo, Chateaubriand vous le confirmera : il fut l’une des premières figures à fréquenter les lieux.
A la direction de cette auguste maison, Frédéric Le Gallois a choisi de redonner corps, vie et saveurs à ce précieux patrimoine qu’illustre à l’intérieur, au fronton du salon d’accueil, une ronde photographique en noir et blanc des monstres sacrés de la littérature.
Qui dit ronde dit cercle. Voici celui des ‘Rencontres du Pont Royal’. Attention, c’est du chic et du distingué. Chaque mois désormais, dans le cadre infiniment élégant du salon Mosaïque, une prestigieuse signature vient se confier à Olivier Barrot.
Journaliste et écrivain – son dernier ouvrage, « Vaisseau fantôme », chez Gallimard, est paru au début de l’année dernière. Il y racontait l’épique aventure qu’il vécut en qualité de conférencier lors d’une croisière à l’autre bout du monde sur un navire attaqué par un pirate inattendu : le Covid. Plus question de faire escale nulle part. Faire des ronds sur l’eau jusqu’à épuisement des stocks de vivres et de carburant… Son prochain roman, plus grave, paraîtra en octobre, portrait d’un résistant et homme de spectacle méconnu, Sylvain Itkine (1908-1944). Comme un Barrot peut toujours en cacher un autres, souvenons-nous qu’il fut aussi producteur et animateur de télévision. On lui doit notamment le concept, sur France 3, de 1991 à 2018, sur une distance de 3 minutes, de l’émission « Un livre un jour ». Enfin, surprise, de 1996 et 1997, on le retrouva à la direction du magazine gastronomique Gault et Millau.
C’est ici qu’on y revient comme le clamait le slogan d’une antique publicité des magasins Félix Potin. Car ce rendez-vous s’accompagne d’un dîner gastronomique élaboré par le chef Lucas Garigliano de L’Atelier Joël Robuchon. Et comme il n’y a pas de fine gueule sans œnologie, chaque propriétaire vigneron présente son domaine et détaille les vins servis ce soir-là. Une séance de dédicaces clôt la soirée (*).
David Foenkinos a ouvert le ban avec « Charlotte » et « Numéro 2 » (1) avant d’aborder sa relation intime à l’écriture. L’auteur de « La délicatesse » publie en cette rentrée d’hiver « La vie heureuse » qui s’est aussitôt hissé dans les meilleures ventes. L’écrivain, journaliste et parolier Philippe Labro lui a emboîté la parole un mois plus tard. Cette invitation coïncidait avec la date anniversaire de l’assassinat de Kennedy puis celui de son meurtrier Lee Harvey Oswald que Labro couvrit en direct.
Mais pas seulement. Sortait conjointement en librairie un choix de ses « Ecrits américains » (2). En janvier, c’était au tour de l’historienne, philosophe et directrice de recherche au CNRS Mona Ozouf de partager sa passion, la Révolution française, à propos de « Varennes : La mort de la royauté (21 juin 1791) », puis de se livrer plis intimement avec « Composition française » (3) dans lequel elle évoque son enfance bretonne.
Le 29 février, Olivier Barrot accueillera Philippe Delerm, le plus impressionniste de nos écrivains. Ce nouveau rendez-vous est axé sur son dernier ouvrage, « Les Instants suspendus », sorti lors de la dernière rentrée d’automne (4). Il est très possible qu’il soit aussi question de sport car l’auteur de « La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules », paru en 1997 et qui s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires, est un passionné d’athlétisme et de football.
Il publiera d’ailleurs le 5 avril un beau-livre de textes et de photographies, « Le foot est une enfance » (5). Pas sûr, en revanche, pardonnez la familiarité qui va suivre, qu’il y ait de la binouse au menu.
(1) Folio
(2) Quarto Gallimard
(3)Folio
(4) et (5) Seuil
(*) Rencontres mode d’emploi.
19h: Cocktail d’accueil, 19h30/20h: dîner-conférence : 190€ par personne
Hôtel Pont Royal, 5-7 rue Montalembert 75007 Paris
Tel : 01.42.84.70.00
www.hotel-pont-royal.com