A quoi rêvent les nageurs? Valère-Marie Marchand a répertorié cette variété nautique ondoyante et capricieuse. Une pêche désopilante.
Par Jean-Michel Ulmann
La pêche à la ligne, Valère-Marie Marchand pratique ce sport, que dis-je, cette discipline, de préférence en piscine. Elle en tire des pierrots flottants, des Nemo indifférents, des Narcisse culottés et, d’un coup de plume vif et précis, ferre ces corps soumis à une étrange mécanique des fluides. Ses petits baigneurs qui se la coulent douce ou qui s’éreintent, et à tous les coups nous réjouissent, composent Le club des aquarêveurs. Personnages peu vêtus, membres d’une académie palmée, solitaires aux plastiques incertaines ou aux anatomies arrogantes, ils vont et viennent en eaux vives. A quoi rêvent ces drôles de paroissiens, fidèles des piscines municipales, temples laïcs de la natation libre et individuelle où chacun communie à sa façon?
Mieux que L’Eau et les rêves de Gaston Bachelard, cette suite de portraits taquine la galerie avec les “râleurs insubmersibles” , le redoutable crawler, le barboteur, les dames grenouilles, le bibendum à la dérive, le cabinier, l’agent de la qualité des eaux… jusqu’au “nageur déconfiné”. Et c’est ainsi que Valère-Marie Marchand prolonge le sillage de son œuvre romanesque – L’Invisible des pierres, Les Alphabets de l’ oubli, Les rivières du ciel, Le Premier arbre et autres récits qui cachent la forêt…Tous de la même encre, limpide, frissonnante, frétillante, heureuse comme un poisson dans l’eau.
Le Club des aquarêveurs. Valère-Marie Marchand. Ed. Héliopoles, 150p, 15€