Elles voient l’enfance en grand

Ils ont bien failli être sacrifiés sur l’autel des Gilets Jaunes et du Covid. Leurs auteures célèbrent aujourd’hui la renaissance de ces deux magnifiques albums grand format.

On ne va pas y aller par quatre chemins, c’est très beau. Par les yeux d’Elsa pour les images. Par l’imaginaire de Nathalie pour le texte. Après une première carrière dans l’architecture d’intérieur, Elsa Oriol s’est tournée vers l’illustration et la peinture. Désormais auteure de vingt-sept albums, elle travaille régulièrement avec le peintre et caricaturiste de presse Pancho, collaborateur du Canard Enchaîné. Nathalie Wolff évolue dans les sphères du droit où elle est maître de conférences. Mais elle entretient des liens plus qu’étroits avec l’art et la culture. Non seulement en effet elle organise des rencontres et des débats sur diverses thématiques en relation avec le théâtre et le cinéma, monte des partenariats avec des institutions culturelles, anime une émission littéraire avec Patrice Carmouze sur TV78, la chaîne d’actualités des Yvelines, mais elle écrit aussi des récits pour enfants. N’en jetez plus, la cour de récréation est pleine.

Toutes deux se sont rencontrées à l’occasion d’une séance de dédicaces d’Elsa dans une librairie parisienne. La conversation a fait le reste et les textes de Nathalie ont trouvé leurs images. Le hasard n’étant pas avare de coups de pouce, l’atelier d’Elsa se trouvait à un jet de pinceaux du domicile de Nathalie. C’est là que sont nés, contrariés ensuite par l’épisode agité des Gilets Jaunes puis l’apparition d’un certain virus, ces superbes albums : « Le jour où les lettres quittèrent les mots » et « Dracula et moi ». Ce dernier ouvrage bénéficie de collaboration de Pancho, auteur d’une page de portraits de grandes figures de l’histoire récente. De Victor Hugo à Albert Camus en passant par Jean Moulin.

Couvertures Dracula et moi/Le jour où les lettres quittèrent les mots

« Le jour où les lettres quittèrent les mots » raconte une révolte des lettres, lassées d’être à la merci de ce qu’on leur fait dire. « On nous emploie n’importe comment, résume le E « souvent muet » qui se fend pour la cause du plus long discours. On nous fait parfois entrer dans des mots affreux, bêtes et blessants. Et que de phrases convenues, que de mots attendus ! Ca ne peut plus durer(…) il faut que le langage soit une fête ». Résultat, sans lettres ni mots, le chaos s’installe dans la ville. Page blanche pour tout le monde. Triste de n’avoir plus d’histoires pour s’endormir, un petit garçon a une idée…

Dans « Dracula et moi », une fillette, la narratrice, sa sœur aînée et leurs parents se rendent dans le pays de naissance de leurs aïeux dont ils ont dû fuir la violence de la dictature. Ils y retrouvent la maison familiale qu’habite un homme seul – serait-ce Dracula ? s’interroge la petite fille mais ce Dracula-là boit plutôt du thé. Et surtout, ils espèrent aussi retrouver un manuscrit qu’avait écrit le grand-père. Voilà que ces deux albums retrouvent une nouvelle vie. Bref, répétons-le, délicatesse du ton et du trait, gravité habilement mesurée, douce puissance des images servie par le grand format : dans les deux cas, le résultat est un pur délice de lecture. Si la littérature jeunesse invite au rêve, alors Elsa et Nathalie forment une sacrée dream team.

« Le jour où les lettres quittèrent les mots », « Dracula et moi », éditions ‘drôle de zèbre’. Chaque album, 15 €

 Lire également, aux éditions « L’Etagère du bas », Un secret, de Magdalena et Elsa Oriol.

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