EMMA BOVARY RÊVÉE PAR YVES SAINT LAURENT

Adolescent, le futur couturier s’est passionné pour Madame Bovary de Flaubert et en a dessiné des illustrations. Ce projet enrichit désormais une nouvelle édition du roman.

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821-1880), le département de Seine-Maritime a transformé une belle maison bourgeoise du centre de Rouen en une évocation du roman Madame Bovary joliment intitulée « Madame rêve en Bovary ». Cette histoire intemporelle d’une femme qui désire à en mourir est replacée dans son contexte à l’aide de projections cinématographiques (un beau travail de Jules Hamdadou) de reconstitutions de la chambre conjugale et de la garçonnière louée pour Emma par Léon, son amant, et de la table des noces dont les fleurs fanées annoncent la décrépitude du couple Bovary… Des parfums d’ambiance placent le visiteur dans le sillage de la petite Normande parée pour le bal ou dans la bibliothèque qui abrite sa frénésie de lectures. La mise en scène, œuvre de la startup Musair avec une scénographie de Jean Oddes, s’appuie en particulier sur des objets issus des collections du Château de Martainville-musée des Traditions et arts normands – vaisselle, meubles, linge, globes de mariage. Mais d’autres prêteurs ont été sollicités et, parmi eux, la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent a confié trois illustrations créées en 1951 pour Madame Bovary par Yves Saint Laurent. La future star de la mode avait quinze ans.

 

Yves Saint Laurent (1936 – 2008) - Page de garde du recueil, 1951. © Musée Yves Saint Laurent Paris
Yves Saint Laurent – Page de garde de Madame Bovary
© Musée Yves-Saint-Laurent-Paris

Ces feuilles font partie d’une suite de quatorze illustrations à l’encre noire à peine rehaussée de gouache qui n’avaient jamais été publiées jusqu’ici. C’est désormais chose faite en tête d’une édition grand format du roman chez Gallimard. Détail touchant, ce cahier contient les premières pages du roman recopiées avec soin, à la main, par le jeune « Yves Mathieu StLaurent » qui signait ainsi fièrement ses dessins témoignant d’un grand talent précoce. Dans la préface qu’elle a rédigée pour cette édition, Maxime Catroux, vice-présidente de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, cite le couturier évoquant, en 1986, « le désarroi des femmes qui est le même aujourd’hui qu’il y a un siècle ». Et c’est bien cette permanence qui transparaît dans ces images d’une jeune femme fière de sa beauté, décidée à brûler sa vie plutôt que de renoncer à ses rêves. Soixante-dix ans après son Emma au profil de pin-up, le couturier lui donnerait peut-être, aujourd’hui, la silhouette d’une influenceuse ou d’une chanteuse se lançant à la conquête du monde avec des étoiles dans les yeux.

Madame Bovary de Gustave Flaubert, éditions Gallimard/Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, 400 p., 14 ill., 25 €.

Madame rêve en Bovary, jusqu’au 14 novembre, Maison Marrou, 29 rue Verte, 76000 Rouen. Tous les jours de 11h à 18h sauf dimanche matin (14h-18h) et mardi. 5 €.

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