Partir peindre avec François Biard

Sur les talons du peintre du XIXe siècle, le lecteur croise des Indiens Munduruku et des ours blancs décidés à boulotter un jeune Sami. Et il apprend qu’on fumait déjà dans les trains. 

François Auguste Biard (1799-1882), n’a pas eu une vie de tout repos. Après s’être fait un nom en montant jusqu’au pôle Nord pour le peindre, il a eu la malchance d’entrer dans le catalogue des (nombreux) maris cocufiés par Victor Hugo. La belle épouse infidèle, Léonie d’Aunet, s’est fait connaître ensuite comme écrivaine et journaliste, mais c’est une autre histoire. 

Peintre bien en cour à la capitale – Louis-Philippe lui a commandé des œuvres à sa gloire – ce Lyonnais d’origine avait la bougeotte. L’Orient l’attira, puis le grand Nord et l’Amérique du Nord et du Sud. Il a d’ailleurs publié le récit de son voyage au Brésil. Il s’est rendu dans l’archipel du Svalbard (dont le Spitzberg est l’une des îles) sur un bateau de la Marine royale avec Léonie, alors sa maîtresse, habillée en homme. Il y a peint des amoureux samis – à l’époque, on disait « lapons » – échangeant un baiser sur leur kayak au milieu des glaces. Et des aurores boréales si belles que personne n’a cru, à Paris, qu’elles pouvaient être réalistes. On sait aujourd’hui qu’elles l’étaient. 

Il donnait aussi volontiers dans le burlesque. Dans Compartiment réservé pour la tranquillité des dames seules, il montre un groupe de femmes écœurées par la cigarette allumée par l’une d’elles (on était en 1877 !). Et Chute à la sacristie met en scène un curé tombé à terre avec son encensoir, après avoir été heurté par une femme qui portait un panier. Comme le maire montre un chien et que tout le monde se bouche le nez, il faut croire qu’elle a glissé sur une crotte. Derrière le bedeau, les enfants de chœur se marrent ! Ces saynètes eurent un grand succès puis lassèrent le public au grand dam du peintre qui finit pauvre.

Dans une veine moins anecdotique, Biard conserve une certaine notoriété parce qu’il a consacré plusieurs tableaux à la traite négrière dont il s’est fait le pourfendeur. Sa toile de grande taille, Proclamation de la liberté des Noirs aux colonies (1849), est l’un des moments forts de l’exposition qui lui est consacrée à la Maison de Victor Hugo, à Paris, dont ce livre est le catalogue. 

François Auguste Biard, peintre voyageur, collectif, coédition Paris Musées/Maison de Victor Hugo, 176 p., 100 ill., 29,90 €.

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