Rattrapiles et rattrapages (1/3)

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. J’ai aimé ces auteurs en 2021. Mais le temps a débordé de la musette. Le peloton groupé et fourni de la rentrée d’hiver – 545 publications – est attendu dans trois jours mais il ne saurait effacer leur ouvrage . Un bon livre est un bon livre. Voici, en deux volets, quelques lignes reconnaissantes sur eux. Ah oui ! Un détail…essentiel : si l’un des titres qui suivent vous tente, privilégiez les librairies !

Femmes, je vous aime

Voici sans fard (quoiqu’elle en porta beaucoup), le récit vibrionnant d’une aventurière de la vie. Nathalie Galan, devenue Héléna Marienské a une trajectoire à deux faces. Elle a été ex cocogirl chez Collaro, playmate, animatrice de divertissements à la télévision. Mais aussi professeure agrégée de lettres, mais aussi écrivaine – révélée par « Rhésus », publié en 2006 aux très « hype » éditions POL. Elle prend ici le parti de faire un premier point sur les femmes (et quelques hommes) qui ont orienté, bousculé, enflammé son parcours. Montez dans ce Grand huit. Attention aux secousses.

« Presque toutes les femmes », de Héléna Marienské, éd. Flammarion, 464 pages, 22€

Avec Proust, le bonjour d’Alfred

C’était encore, il y a trois jours, l’année Proust. Tandis que l’exposition que lui consacre la BNF se poursuit jusqu’au 22 janvier, et que le musée Carnavalet prend le relais avec “Marcel Proust, un roman parisien” jusqu’au 22 avril, c’est un pur plaisir de ce plonger dans « Un amour de Proust », par l’un es plus éminents proustiens que nous comptons. Cet « amour » se nommait Alfred Agostinelli. Chauffeur, secrétaire particulier, inspirateur de « La Prisonnière » et personnage essentiel d’ « Albertine disparue », Alfred, qui disparut très tôt dans un accident d’avion, est un personnage romanesque au possible. Il cambriola le cœur de Marcel en un tournemain.

« Un amour de Proust », de Jean-Marc Quaranta, éd. Bouquins, 446 pages, 21€

Feuilletez leur bibliothèque

D’abord c’est une bonne action. La totalité des droits d’auteur issus de la vente de cet ouvrage sera reversée à l’association Bibliothèques sans frontières. Ensuite c’est un beau repère. Trente quatre écrivains de renom sont repartis chacun en quête du (ou des) livre(s) qui ont participé à les construire. A modifier leur trajectoire. A trouver le chemin de leur  cœur pour ne plus jamais les quitter. L’un d’eux résume bien l’affaire. Olivier Liron, au nom prédestiné, écrit ainsi : Livre…ça sonne comme libre. »

« La bibliothèque des écrivains – Le livre qui a changé leur vie », éd. Flammarion, 212 pages, 16€

La belle et les bêtes

1788. Depuis un port d’Afrique du Sud, un arche de Noé fend les océans pour aller garnir les enclos du Palais de Versailles. Claire, vingt ans, est du voyage puisqu’elle est la fille de Martin, soigneur de ces âmes déracinées et malmenées. Aux yeux de ses semblables, Claire n’a qu’un défaut. Elle croit entre la souffrance des animaux et leur accorde tous les privilèges de l’âme. Mais un drame survient et la Révolution aussi. Ce roman vous attrape par la corne d’un rhinocéros et ne vous lâche plus. 

« Un rhinocéros à Versailles », de Alexandra de Broca, éd. Robert Laffont, 379 pages, 21,90€

Illustration Des minutes de lumière en plus

Follement Solidor

On la connaît sans la connaître, la belle Suzy, l’une des reines des années folles, qui partageait ses septièmes ciels avec l’aviateur Jean Mermoz, enfin, pas que, et fit frissonner le tout Montparnasse de sa voix de louve. L’auteur signe une épatante biographie fictionnée de cette bretonne aux cent visages qui n’avait sa langue ni dans sa poche ni ailleurs. Mais bio quand-même car, chez Suzy et son patronyme d’électroménager, il ne fait aucun doute que la réalité a toujours dépassé la fiction.

« Les nuits de Solidor – mémoires imaginaires d’une égérie », de Charlotte Duthoo, éd. le cherche midi éditeur, 405 pages, 21 €

(Lire également au éditions Séguier, collection L’indéfinie (ce qui n’est pas mal vu) : « Le Fil d’or », de Suzy Solidor,  préface d’Olivier Barrot, 189 pages, 19€. Un roman d’aventure, d’amour et d’audaces qui ne respectaient guère les conventions.)

Inestimable Prudence

C’est un très joli prénom, Prudence, et qui semble revenir à la mode si ‘on en croit un certain best-seller très attendu. Et c’est un très joli récit que cette « Vie inestimable » sous la plume d’une romancière, également, qui a déjà beaucoup parler d’elle. Sa Prudence Agostino est une vielle dame de 79 ans,  dotée de sept petits enfants qu’elle a gâtés pour leurs sept ans. Elle leur a fait à chacun un inestimable cadeau. Du coup, la voilà ligotée chez elle par deux jeunes pieds-nickelés du quartier, appâtés par sa richesse. Hélas pour eux, les ligoteurs sont venus pour rien. Son trésor est la vie qu’elle a vécu. Et tandis qu’ils la délient, elle la leur délie. Inspiré d’un vrai personnage, ce roman est une ode à l’existence quand on n’a pas peur de l’enfourcher.

« Une vie inestimable », de Anne-Marie Revol, éd. JCLattès, 267 pages, 20€

L’amour sans conditions

Dans le menu de la vie, Blanche de Richemont commence souvent par le désert. A son propos elle lui a consacré un « éloge », comme elle a fait de même du désir.  Et comme elle est aussi l’auteure de « 50 couples d’exception », voici qu’elle signe une quarantaine d’exemples d’amours « inconditionnels ». Le mot ne relève ni d’un pari, ni d’un enfermement mais au contraire d’une acceptation. On cherchera vainement dans ce livre des clones d’Héloïse et Abelard. Ce n’est pas le sujet. Le sujet appartient à de simples témoignages, aux petits miracles des rencontres qui créent des actes, tous inconditionnellement portés vers une ouverture à la vie.

« Amours inconditionnelles », de Blanche de Richemont, éditions de l’Observatoire, 216 pages, 18€

Oh ! Les beaux jours

Comment se débarrasser des malheurs dont on hérite ? Comment faire sa mue au fur et à mesure des jours qui vous font devenir adulte et revenir sur les lieux de l’empêchement de vivre ? Comment cesser d’entendre les pleurs qui nous ont engendré ? Dans ce premier roman, Emilie Besse s’est attaquée à forte partie et l’on pressent qu’elle n’a pas écrit ce roman sans raison. Elle remonte le cours du chagrin comme un saumon. L’écriture est simple et douce écriture. Aller vers la lumière est source, chez les écrivains, de bien des trébuchements et autre sorties de routes. Pas ici.

« Les beaux jours », de Emilie Besse, éd. JCLattès, 196 pages, 19€

(A suivre)

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