Werber et ses trente millions d’amis

Je ne sais pas c’est tous les quand combien, le retour de l’édito de mon cher site. Oui, je parle comme Renaud quand il chante C’est quand qu’on va où. C’est très reposant de parler comme ça. Et vu l’état de délabrement de la langue française (oui, oui, je suis grave réac sur le sujet, c’est mon petit plaisir), ça fait mec-dans-le-coup.

Je ne sais pas c’est tous les quand combien mais je sens que c’est maintenant qu’un petit point s’impose. Un petit coucou aux lectrices et aux lecteurs. On dit : aux visiteurs. C’est un joli mot, visiteurs, c’est un joli mot tu sais. Encore plus lorsqu’on l’emploie à la mi-novembre, ce mois qui n’est l’ami de personne. Encore qu’à l’heure où j’écris ceci il nous épargne plutôt. La lumière est vive sur mon voisin le square du Temple qui est l’un des plus élégants, accueillants et parfaitement tenus des squares de Paris. Je ne l’échangerais pas contre un autre. Il a sa petite cascade. Ses pierres de Fontainebleau, ses arbres puissants, ses pelouses, sa mare aux canards, aux poules d’eau, son héron cendré saisonnier (un visiteur).

Je ne sais pas c’est tous les quand combien mais je sens que c’est maintenant qu’un petit point s’impose. Un petit coucou aux lectrices et aux lecteurs. On dit : aux visiteurs. C’est un joli mot, visiteurs, c’est un joli mot tu sais. Encore plus lorsqu’on l’emploie à la mi-novembre, ce mois qui n’est l’ami de personne. Encore qu’à l’heure où j’écris ceci il nous épargne plutôt. La lumière est vive sur mon voisin le square du Temple qui est l’un des plus élégants, accueillants et parfaitement tenus squares de Paris. Je ne l’échangerais pas contre un autre. Il a sa petite cascade. Ses pierres de Fontainebleau, ses arbres puissants, ses pelouses, sa mare aux canards, aux poules d’eau, son héron cendré saisonnier (un visiteur). Cette semaine, son automne arrosé de lumière a produit des merveilles. Le matin dès l’ouverture, les deux tables de ping-pong sont le théâtre de parties d’exception. J’ai fait la connaissance de Fatou. Par ces temps frisquets, Fatou est réchauffée. En polo à manches courtes et casquette inamovible, cette quinqua toujours souriante et parfois rugissante selon qu’un point est gagné ou perdu en fait voir à ses adversaires. Inutile de dire que des deux côtés de la table, les joueurs se donnent un fameux fil à retordre. Mes mouvements d’assouplissement et mes pompes appuyées sur le dossier des bancs font (très) petit joueur. Pour revenir à nos littéraires moutons, les prix sont passés. Voilà une bonne chose de faite. Aux pronostics Goncourt de Livres Hebdo, j’ai fait carton vide. Totalement à côté de la plaque. J’espérais, je l’avoue, Sorj Chalandon pour son « Enfant de salaud ». « Oui, mais il a déjà été Goncourt des Lycéens », m’a-t-on fait remarquer. C’est compliqué les prix. Il faut sortir sa calculette. Envisager des martingales. On ne sait plus ce que le cœur doit penser. C’est tout de même un comble, il était venu pour ça. Dans la plupart des jurys survient toujours à un moment donné cette équation : « on pourrait lui donner le prix mais il a des chances d’avoir aussi… ». Alors on s’en écarte. C’est comme une barque dont on détacherait les amarres et qui s’éloigne à vide de la rive. Au fil des jours et de l’eau, on a fait la fête. Bernard Werber, par exemple, sur une péniche, a célébré trente ans de best-sellers. Un chaque début octobre. Il y avait des badges à son effigie. Des petits gâteaux frappés-sucrés à celle des abeilles puisqu’on trentième ouvrage s’appelle La prophétie des abeilles. La péniche s’appelait le Saphir. La Seine a déroulé des sillons de reflets. Les invités ont dansé sur la playlist de Bernard. Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas entendu les Who. La hiérarchie de la maison Albin Michel a raconté comment cette idylle trentenaire avec l’auteur des Fourmis a bien failli capoter pour une lettre jamais arrivée, ou jamais lue, ou jamais vraiment considérée. Enfin bref, une bourde, une gaffe, un manque de flair, de jugeotte, de répondant. Rien n’a été dit sur le destin de cette nonchalante erreur stratégique. Aujourd’hui, Werber émarge à trente millions d’exemplaires écoulés dans le monde et son nouvel ami est la Corée du Sud. Plus d’un million de volumes vendus. Et c’est bien parti pour durer. En Corée encore chanterait Cabrel. Au Wepler, Place de Clichy, c’était la 24eme édition du prix du même nom mécéné par la Fondation La Poste et créé par Marie-Rose Guarniéri. Keren Ann a (en)chanté tout le monde. Mohamed Mbougar Sarr, nouveau Goncourt pour « La plus secrète mémoire des hommes », chez Philippe Rey, est passé faire un tour et a félicité les deux lauréats, Antoine Wauters pour « Mahmoud ou la montée des eaux », chez Verdier, Laura Wasquez, mention spéciale pour « La Semaine Perpétuelle », aux éditions du Sous-Sol » de ce cher Adrien Bosc qui a investi ses . Ce qui nous fait trois éditeurs peu connus du grand public récompensés pour leur obstination et ça, c’est top. A propos d’anniversaire (oui je sais, je reviens à Werber, faut suivre, avec moi et ce n’est pas une mince affaire), le bicentenaire de la naissance de Baudelaire, que célèbre l’expo de la BNF, occupe évidemment une jolie part de terrain Le décoiffant « Crénom Baudelaire ! », de Jean Teulé, sort en poche aux éditions J’ai Lu. Ce n’est pas une biographie, c’est un assassinat. Si d’aventure vous aviez l’intention d’inviter Charles à dîner, annulez sans attendre. Il va vous ruiner l’ambiance et votre salon. Mais quel bouquin, crénom! Quand on l’a fini, on en refait un tour. Ce qui nous fait deux fois 438 pages pour 8,20€. Excellent rapport qualité prix. Par ailleurs, avec le plaisir de ré-évoquer ici la belle republication, chez Calmann-Lévy, des « Fleurs du Mal » dans l’édition établie par leur fondateur Michel Lévy en 1868, l’épatante « La Passion des images » dans la collection Quarto Gallimard (1822 pages, 33 €), si ce n’est pas un cadeau alors je ne sais pas ce que c’est. S’y ajoute, je ne l’avais pas signalé à sa sortie en septembre mais je ne l’avais ni reçu ni repéré mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, « Baudelaire, l’art contre l’ennui », de Stéphane Guégan chez Flammarion. Conservateur et critique d’art – il est également conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay -, l’auteur, nous dit-on, « raconte (…) comment Baudelaire enjoint les artistes à faire entrer dans l’art l’univers physique et mental où ils baignent. » L’ouvrage sous couverture rigide d’un jaune éclatant pour faire bonne mesure avec le ciel bas et lourd qui pèse ce jour comme un couvercle, présente sur un papier épais des illustrations parfaitement scénarisées dans leur continuité. C’est plus qu’attirant et, promesse du titre, on ne va pas s’ennuyer. Je m’y plonge illico. A propos d’art, saviez-vous que l’écrivain Pierre Pelot, sympathique, prolifique et barbu ogre des Vosges, était un remarquable peintre ? Je l’appelle. Croyez-moi, on en reparle bientôt.
Le square du Temple cet automne

Cette semaine, son automne arrosé de lumière a produit des merveilles. Le matin dès l’ouverture, les deux tables de ping-pong sont le théâtre de parties d’exception. J’ai fait la connaissance de Fatou. Par ces temps frisquets, Fatou est réchauffée. En polo à manches courtes et casquette inamovible, cette retraitée des services de l’action sociale de la Ville de Paris toujours souriante et parfois rugissante selon qu’un point est gagné ou perdu en fait voir à ses adversaires. Inutile de dire que des deux côtés de la table, les joueurs se donnent un fameux fil à retordre. Mes mouvements d’assouplissement et mes pompes appuyées sur le dossier des bancs font (très) petit joueur.

Fatou, championne de tennis de table au square
Fatou, championne de tennis de table au square

Pour revenir à nos littéraires moutons, les prix sont passés. Voilà une bonne chose de faite. Aux pronostics Goncourt de Livres Hebdo, j’ai fait carton vide. Totalement à côté de la plaque. J’espérais, je l’avoue, Sorj Chalandon pour son « Enfant de salaud ». « Oui, mais il a déjà été Goncourt des Lycéens », m’a-t-on fait remarquer. C’est compliqué les prix. Il faut sortir sa calculette. Envisager des martingales. On ne sait plus ce que le cœur doit penser. C’est tout de même un comble, il était venu pour ça. Dans la plupart des jurys survient toujours à un moment donné cette équation : « on pourrait lui donner le prix mais il a des chances d’avoir aussi… ». Alors on s’en écarte. C’est comme une barque dont on détacherait les amarres et qui s’éloigne à vide de la rive.

Au fil des jours et de l’eau, on a fait la fête. Bernard Werber, par exemple, sur une péniche, a célébré trente ans de best-sellers. Un chaque début octobre. Il y avait des badges à son effigie. Des petits gâteaux frappés-sucrés à celle des abeilles puisqu’on trentième ouvrage s’appelle La prophétie des abeilles. La péniche s’appelait le Saphir. La Seine a déroulé des sillons de reflets. Les invités ont dansé sur la playlist de Bernard. Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas entendu les Who. La hiérarchie de la maison Albin Michel a raconté comment cette idylle trentenaire avec l’auteur des Fourmis a bien failli capoter pour une lettre jamais arrivée, ou jamais lue, ou jamais vraiment considérée.

Bernard Werber filmant la Dream Team Albin Michel
Bernard Werber filmant la dream team Albin Michel sur la péniche Le Saphi
r

Enfin bref, une bourde, une gaffe, un manque de flair, de jugeotte, de répondant. Rien n’a été dit sur le destin de cette nonchalante erreur stratégique. Aujourd’hui, Werber émarge à trente millions d’exemplaires écoulés dans le monde et son nouvel ami est la Corée du Sud. Plus d’un million de volumes vendus. Et c’est bien parti pour durer. En Corée encore chanterait Cabrel.

Badges collector

Au Wepler, Place de Clichy, c’était la 24eme édition du prix du même nom mécéné par la Fondation La Poste et créé par Marie-Rose Guarniéri. Keren Ann a (en)chanté tout le monde. Mohamed Mbougar Sarr, nouveau Goncourt pour « La plus secrète mémoire des hommes », chez Philippe Rey, est passé faire un tour et a félicité les deux lauréats, Antoine Wauters pour « Mahmoud ou la montée des eaux », chez Verdier, Laura Wasquez, mention spéciale pour « La Semaine Perpétuelle », aux éditions du Sous-Sol » de ce cher Adrien Bosc qui a investi ses . Ce qui nous fait trois éditeurs peu connus du grand public récompensés pour leur obstination et ça, c’est top.

Prix Wepler Fondation La Poste. Mohamed Mbougar Sarr près des lauréats Laura Wasquez et Antoine Wauters
Prix Wepler Fondation La Poste. Mohamed Mbougar Sarr près des lauréats Laura Wasquez et Antoine Wauters

A propos d’anniversaire (oui je sais, je reviens à Werber, faut suivre, avec moi et ce n’est pas une mince affaire), le bicentenaire de la naissance de Baudelaire, que célèbre l’expo de la BNF, occupe évidemment une jolie part de terrain. Le décoiffant « Crénom Baudelaire ! », de Jean Teulé, sort en poche aux éditions J’ai Lu. Ce n’est pas une biographie, c’est un assassinat. Si d’aventure vous aviez l’intention posthume d’inviter Charles à dîner, annulez sans attendre. Il va vous ruiner l’ambiance et votre salon. Mais quel bouquin, crénom! Quand on l’a fini, on en refait un tour.

Trois livres sur Baudelaire

Ce qui nous fait deux fois 438 pages pour 8,20€. Excellent rapport qualité prix. Par ailleurs, c’est un plaisir de ré-évoquer ici la belle republication, chez Calmann-Lévy, des « Fleurs du Mal » dans l’édition établie par leur fondateur Michel Lévy en 1868. Et l’épatante « La Passion des images » dans la collection Quarto Gallimard (1822 pages, 33 €). Si ce n’est pas un cadeau à ce prix là, alors je ne sais pas ce que c’est. S’y ajoute, je ne l’avais pas signalé à sa sortie en septembre ne l’ayant ni reçu ni repéré mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, « Baudelaire, l’art contre l’ennui », de Stéphane Guégan chez Flammarion (80 pages, 35€).

Couverture Baudelaire l'art contre l'ennui

Conservateur et critique d’art – il est également conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay -, l’auteur, nous dit-on, « raconte (…) comment Baudelaire enjoint les artistes à faire entrer dans l’art l’univers physique et mental où ils baignent. » L’ouvrage sous couverture rigide d’un jaune éclatant pour faire bonne mesure avec le ciel bas et lourd qui pèse ce jour comme un couvercle, présente sur un papier épais des illustrations parfaitement scénarisées dans leur continuité. C’est plus qu’attirant et, promesse du titre, on ne va pas s’ennuyer. Je m’y plonge illico.

A propos d’art, saviez-vous que l’écrivain Pierre Pelot, sympathique, prolifique et barbu ogre des Vosges, était un remarquable peintre ? Je l’appelle. Croyez-moi, on en reparle bientôt.

Dernière minute: on m’informe qu’il reste jusqu’au 30 novembre aux amateurs de nouvelles pour participer à la Ière édition du Concours de nouvelles Marcel Pagnol, organisé à Allauch, dans les Bouches-du-Rhône, avec le concours du Figaro, des éditions Larousse, de France Bleu Provence et des titres de presse régionaux la Marseillaise et de la Provence. Cette initiative s’inscrit dans la perspective du futur Musée Marcel Pagnol.

Allauch… Le grand Marcel y chantait le “désert parfumé” des collines allaudiennes. Le concours est ouvert à tout auteur amateur à partir de 16 ans. Prière d’envoyer vos textes soit par courrier à la Bibliothèque municipale Bernard Monge, 32 rue rue Fernand Rambert, 13190 Allaud, soit, parce que ça urge un peu, sur www.allauch.com

Daniel Picouly préside le jury dans lequel figurent notamment Nicolas Pagnol, petit-fils de l’écrivain, Floryse Grimaud, créatrice du Prix Marcel Pagnol et le romancier René Frégni.

Attention, ne vous lancez pas à l’aveugle. L’aventure a un socle: un extrait des Pestiférés dans “Le Temps des amours”: “Voilà Allauch! dit le docteur, nous sommes peut-être sauvés. Marchez en bon ordre et souriez. Ils nous attendent. Ne leur parlez pas. C’est inutile, personne ne vous croirait. Laissez-moi vous raconter. Moi, je peux”.

A vous d’enchaîner.

0 commentaire
1 like
Article précédent : Éric GiacomettiArticle suivant : Suivez cette femme de mauvaise vie

Publier un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Derniers Articles
Les articles les plus populaires
Archives