L’Inutile: défense et illustration

La parution, cette année, d’un très malicieux et tout autant pertinent « Dictionnaire amoureux de l’Inutile », par François et Valentin Morel, méritait bien de ricocher dans une version de luxe.

La parution, au cours de cette année, d’un « Dictionnaire amoureux de l’Inutile » sous la plume à quatre mains (cette métaphore bancale le serait passablement, inutile, si elle ne permettait de vérifier qu’à l’inverse, les mains à quatre plumes en serait une quatre fois plus con) de l’acteur et chanteur François Morel et son Valentin de fils, nous avait fort réjoui. Mais en quelques si pauvres lignes qu’elles laissaient dans leur sillage un sacré goût de revenez-y.

Et voilà que, feu, fête et joie, comme dirait ma copine Amélie, les éditions Plon ont eu l’idée, plutôt que de laisser passer les fêtes en peignant la girafe, de se rendre efficacement utiles. Convaincues que cet iconoclaste mais fort malicieusement pertinent volume mérite un illustre destin, elles se sont associées à la maison Gründ pour l’illustrer.

Mot le plus long

La girafe, Giraffa camelopardalis dans la catégorie des mammifères ongulés artiodactyles (il n’est pas inutile de le signaler mais il n’est pas pour autant utile de chercher à le placer dans un dîner) apparaît en couverture avec l’accessoire coincé entre ses deux protubérances. Ce sont des ossicônes). Si bien que lorsqu’il arrive à une girafe de dire une ânerie, et non le contraire – mais tout bas, d’un languissant soupir venu des entrailles, on dit que la girafe fredonne – il y a toujours une congénère pour lui lancer : « oh ! arrête de déossicônner ! »

Cette entrée en matière n’est pas à juger, ni étiqueter. Ni utile ni inutile. C’est une entrée en matière comme il y en a tant. L’entrée en matière est sans limites, c’est comme ça. C’est très français l’entrée en matière. Notons que l’entrée en matière n’a rien à voir avec « L’Art de la préface », que signa Pierre Bergé chez Gallimard. L’objet figure dans cet album.

Ornithologiques

Avant de poursuivre avec un choix d’exemples (« mais ça n’en finira donc jamais ?!!!! Sa mère était brodeuse ou quoi ?), une utile et ultime digression servira la cause des Morel. Un jour qu’au téléphone, j’essayais de remonter le moral d’une camarade en lui disant qu’elle était utile, par son métier, à son entourage, elle se vexa et m’annonça qu’être utile n’était pas l’accomplissement de sa vie. Je crus comprendre qu’elle préférait nettement être aimée. Ce qui se défend.

Avec plus de deux cents entrées, ce dictionnaire inauguré par une formule du peintre Francis Picabia – « Il n’y a d’indispensable que les choses inutiles » – aurait plu à Prévert, Desnos, Dac, Blanche et autres Dubillard.

Cremer

Voici, sans ordre d’entrée en scène (ce serait tout à fait inutile), un florilège de thèmes traités: la flûte à bec, le discours, le développement personnel, l’art de péter, les plaques commémoratives des écrivains, le quizz ornithologique, le miroir déformant, le catogan, les papiers d’agrumes, l’épée d’académicien, les émoticônes et les points d’intonation, le Quizz ornithologique, l’eau en poudre, l’origami, le ricochet (voir le chapô de cet article), le Pont de l’Alma, le Mot le plus long, l’appendicite, le Musée du Clou, la taille de zizi, les boules à neige, la toupie, les ricochets, le mamelon masculin, les pétitions, le concombre de mer, le bouquet de fleurs, le furet (dans une situation très spéciale), le matin, le funambule, le sommelier en eau minérale. Et les listes bien entendu.

« Dictionnaire amoureux illustré de l’Inutile », de François et Valentin Morel, éd. Plon / Gründ, 286 pages, 34,95€

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